LE SERVICE ÉVANGELIQUE DES MALADES (S.E.M.)
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Depuis toujours, lEglise considère le service des malades, des plus pauvres, des plus éprouvés, des plus exclus comme un aspect très important de sa vocation et de sa mission. Sans cela, comment lEglise serait-elle fidèle à Jésus-Christ en qui le Fils de Dieu a totalement épousé la condition humaine avec tous ses risques et toutes ses limites ?
En effet, ce Jésus, ne le voyons-nous pas, tout au long des routes quil parcourt, particulièrement attentif à ces plus humbles, souvent ces plus exclus que sont les malades ? Il les accueille tous, sans exception et sans poser de conditions ; il les écoute, il va jusquà les toucher, il les guérit et, par le fait même, dans bien des cas, les réinsère dans leur communauté naturelle, comme la gué-rison du lépreux, en Mathieu 8, 1-4, en est une illustration incontestable.
Aux envoyés de Jean-Baptiste qui sinterroge sur la véritable identité de ce Jésus de Nazareth, celui-ci ne fait dautre réponse que le témoignage des guérisons quil opère et qui sont le signe du salut apporté par le Messie tel que lont annoncé et décrit les Prophètes, surtout Isaïe et Ezéchiel " Allez racon-ter à Jean ce que vous avez vu et entendu les aveugles voient, les boiteux mar-chent, les lépreux sont rendus purs, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi " (Luc 7, 22-23 en référence avec Isaïe 26, 19;29,18 ; 35, 5-6 ; 61,1; et avec Ezéchiel 61, 1).
Ce que Jésus a fait, il la aussi enseigné, spécialement dans la Parabole du Jugement dernier : " Jétais malade, et vous mavez visité... (Mathieu 25, 31 et ss.). La personne du malade nest donc autre que le visage humain de Jésus-Christ qui se donne à découvrir, à reconnaître et à accueillir par celui qui se veut disciple de lEmmanuel (Dieu avec nous) venu parmi nous " pour que les hommes aient la vie, et quils laient en abondance " (Jean ,10, 10). Par ailleurs, de sa pratique et de son enseignement, ne nous a-t-il pas laissé un suprême " mémorial " dans lépisode du Lavement des pieds, le Jeudi Saint " Si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres... " (Jean 13, 14-15).
Ainsi donc, par le Baptême, membres du Christ mort et ressuscité, les chrétiens ont la même mission que Lui envers tout humain, en particulier envers tout frère malade, handicapé, démuni ou laissé de côté. Lattention quils portent à ce frère sera la vérification de leur fidélité à Celui qui sest fait " servi-teur " : " Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir " (Marc 10, 45).
dêtre auprès des malades, des personnes âgées ou isolées, lécho " normal ", " ordinaire " du souci collectif de toute la communauté paroissiale envers ces autres frères atteints par le handicap de la maladie, de lâge ou de la soli-tude. Les membres du S.E.M. sont des " envoyés " qui ont pour mission de rendre la communauté paroissiale présente auprès de ceux qui sont retenus à domicile ou en établissements hospitaliers ;
dinterpeller constamment la communauté paroissiale, le Conseil Pas-toral ou les divers groupes dEglise sur la place qui est faite, en leur sein, au malade, à la personne âgée ou isolée. Il sagit déveiller lattention de la com-munauté à celui qui, malgré lui, en est absent ;
dassurer le lien avec lAumônerie détablissements hospitaliers ou de Maisons de Retraite auxquels ces malades ou personnes âgées pourraient avoir recours provisoirement, voire définitivement. Ce lien est une garantie du suivi de laccompagnement ;
dharmoniser les efforts accomplis par dautres mouvements ou servi-ces dEglise dans le sens dune présence aux malades, aux personnes âgées ou isolées. Le S.E.M. ne cherche pas à chapeauter, encore moins à supplanter ; mais tout en respectant lautonomie de chaque mouvement ou service, le S.E.M. veille à établir plus de cohésion entre tous, de manière à éviter les tuilages ou que telle personne soit oubliée.
Remarques
- Il nest pas dans la vocation du S.E.M. de répondre à toutes les attentes des personnes visitées. Mais il devra, parfois, alerter les organismes qualifiés, quand personnes dautre ne le fait ;
- Le S.E.M. na jamais non plus pour vocation de remplacer les prêtres, sous prétexte quils sont de plus en plus rares ou âgés. La mission du prêtre est irremplaçable et dun autre ordre. On ne remplace pas le prêtre ; on colla-bore avec lui à la sanctification de tout le Corps du Christ, lEglise.
Il sagit dun groupe dhommes et de femmes de tous âges (ce Service nest pas réservé exclusivement au 3ème âge...), groupe qui a reçu délégation de la communauté paroissiale.
Il va de soi que le Service gagne à ce que ses membres soient connus dans leur immeuble, leur rue ou leur quartier. Cela ne peut que leur faciliter laccès auprès des personnes quils visitent.
Toute équipe doit être reconnue par le responsable de la paroisse et travailler en lien étroit avec lui.
Normalement, le S.E.M. est représenté au sein du Conseil Pastoral et doit y exprimer la réalité et la sensibilité des malades.
Lengagement dans le S.E.M. implique quon accepte de se former à la relation avec le malade, le handicapé ou la personne âgée. La bonne volonté ou lintuition ne peuvent suffire. Pour acquérir cette formation, une aide pré-cieuse peut être apportée par les partenaires du Sanitaire ou du Social, comme la F.C.M.H. (Fraternité Catholique des Malades et Handicapés), lA.C.M.S.S. (Action Catholique des Milieux Sanitaires et Sociaux), la R.E.P.S.A. (Religieu-ses dans les Professions de Santé), lAumônerie des Hôpitaux, le S.C.E.J.I. (Service Catholique de lEnfance et de la Jeunesse Inadaptées), etc...
Enfin, les membres du S.E.M. doivent pouvoir se retrouver en équipe, pour des réunions de partage et de communication de leurs découvertes et expé-riences mutuelles, pour se concerter, etc Il est souhaitable, voire nécessaire, que le Curé de la paroisse ou un autre prêtre plus spécialement chargé du S.E.M. participe à ces réunions du S.E.M. Le rythme dune réunion tous les deux mois ne semble pas exagéré.
Régularité des visites, leur fréquence étant à déterminer par les mem-bres des équipes, en usant de discernement.
Visites toujours empreintes de beaucoup de respect et découte, car, bien souvent, la personne visitée a autant à nous apporter quà recevoir. Faute dune véritable écoute, la visite prendrait facilement lallure dune sorte de pater-nalisme ou dun assistanat ; alors quil sagit daider la personne du malade à accéder à toujours plus dautonomie, dans le sens de la devise de la F.C.M.H. : "LÈVE-TOI ET MARCHE ! "
Dans des cas plus nombreux quon ne croit, le malade, le handicapé, même la personne âgée, est capable de tenir une place certaine dans lanima-tion dun groupe de prière, de réflexion ou de catéchèse, de rendre, à son tour, visite à un autre malade, etc.
Souci constant du lien à établir ou à maintenir entre la personne âgée, malade ou isolée et la communauté paroissiale porter la feuille paroissiale, communiquer les annonces du dimanche...
De la même manière, on songera à donner à cette communauté des nou-velles de ces (ses) membres absents ou retenus chez eux prière universelle, homélie, feuille paroissiale... Étant bien entendu quon ne peut jamais faire léconomie dune grande discrétion.
Remarque :
Au cours de leurs visites ou en raison de leurs contacts, les membres du S.E.M. peuvent être amenés à prendre connaissance de situations de détresse matérielle ou de solitude ou de marginalités. Le S.E.M. ne peut senfermer dans des frontières. Comme il a été dit plus haut, il na pas vocation à tout résou-dre. Mais il lui appartient dinformer les organismes compétents et dengager une réflexion avec la F.M.C.H., le S.C.E.J.I., le Conseil Pastoral, etc
Les Sacrements sont les " signes " de la " Nouvelle et Eternelle Alliance ". La réalité du Salut, cest le Christ. Il ny a pas dautre Sacrement de Salut que Jésus-Christ.
Dieu veut que les hommes entrent en contact avec Lui comme ils entrent en contact les uns avec les autres, à travers des gestes et des signes dhommes.
Le Sacrement primordial, fondamental, cest lhumanité de Jésus-Christ, car cest à travers cette humanité que Dieu, lInvisible, va se rendre visible.
Depuis lAscension, comme avant, lhumanité de Jésus-Christ doit exer-cer son action : rendre visibles Dieu et son amour pour les hommes. Pour cela, cette humanité a besoin dêtre relayée dans sa visibilité. LEglise est appelée à relayer cette visibilité, à faire en sorte que le Seigneur se rende visible à tra-vers des hommes, des gestes et des initiatives dhommes.
LEglise est le lieu de la visibilité de Dieu, en Jésus-Christ. Elle est un Corps vivant. A travers tout ce quelle dit et fait, elle est " sacrement ". (Elle nest pas Jésus-Christ, car elle a toujours à se réformer, à se convertir ; mais elle nest pas moins que le Sacrement, le Signe de Jésus-Christ). Elle a reçu mis-sion et pouvoir de faire exister les actes mêmes du Christ. Elle dispose en elle-même déléments, personnes et choses, qui sont le garant de cette mission : cest ce que nous appelons " les Sacrements ".
Par les Sacrements, lEglise exerce la grâce et le charisme de rendre le Christ
- visibles à notre portée - aujourdhui. Les Sacrements de lEglise, prolonge-ment terrestre de lhumanité glorifiée du Christ, ne sont pas des choses, mais des " rencontres" dhommes sur la terre avec lhomme glorifié, Jésus, par le moyen dune forme visible.
Les Sacrements sont la manifestation concrète de lacte de Salut et de " Guérison " de lhomme. LEglise exerce ce ministère de Salut et de " Guéri-son " plus spécialement par les Sacrements du Baptême, de la Réconciliation, le Sacrement des malades et, surtout, le Sacrement de lEucharistie dans lequel tout est signifié et renouvelé.
porter la COMMUNION est, pour le S.E.M., le meilleur moyen de signifier et de réaliser, en même temps que lunion du malade avec le Christ, lunion du malade avec la communauté paroissiale rassemblée pour célébrer et partager le Pain que le Père veut partager à tous ses enfants. Il serait sans doute bon que, pour certaines fêtes (ex : Jeudi Saint, Pâques, Toussaint, Noël, etc.), cette Communion des " présents " et des " absents " soit concrétisée, au moment du Repas Eucharistique, par un envoi solennel de ceux qui vont porter la Communion aux malades
dans cette même ligne, les membres du S.E.M., veilleront à ménager au prêtre des contacts avec les malades et les personnes âgées, en vue du Sacre-ment de RÉCONCILiATION. Ils aideront les gens à bien comprendre
* que sil y a les péchés de jeunesse, il y a aussi ceux de la vieillesse ;
* que le péché nest pas tellement ce que nous faisons ou ne faisons pas, mais ce que nous ne sommes pas par rapport à Dieu et par rapport aux autres ;
* que lessentiel, dans ce Sacrement, cest le geste damour et de guérison de Dieu que nous accueillons dans la Foi.
enfin, celui qui sengage dans le S.E.M. doit savoir quun jour ou lautre il aura à aborder avec le chrétien malade la question de lONCTION des MALADES.
* Dune part, il lui expliquera bien que lOnction des Malades nest plus "lExtrême Onction ", mais le Sacrement du Réconfort que Dieu apporte dans une situation dusure ou de maladie, à travers la prière de la communauté. Cette prière demande la guérison, sinon du corps, du moins celle du cur, pour pou-voir vivre avec une foi généreuse ce que la vie nous réserve. Attention à limage que lon donne de Dieu !
* Dautre part, le membre du S.E.M se préoccupera de prévenir à temps le prêtre, en lui signalant où en est le malade de sa préparation au Sacrement des Malades.
De même, il sefforcera daider la famille et les proches du malade à pren-dre toutes dispositions souhaitables pour une réception sereine de ce Sacrement par le personne concernée. Nest-ce pas aussi une manière dassurer une dimen-sion communautaire à cette démarche ?
Il va sans dire que lon ne doit jamais attendre un état comateux pour faire administrer lOnction des Malades.
De plus en plus se posera la question des malades en phase terminale. Un lien établi, une amitié commencée ne peut sarrêter à un moment aussi déter-minant. Mais en pareil cas, comment assurer une véritable présence ?
Pas de recette absolue, mais des convictions toutes simples doivent nous habiter
Le malade, même le mourant, est toujours une personne aimée de Dieu il est toujours " mon frère "
* nous voudrions partager son angoisse face à la mort, mais lui sent bien quil est seul face à cette échéance ;
Le meilleur accompagnement se manifeste en des signes dune présence discrète : tenir la main, parfois une prière toute simple, le SILENCE, très souvent.
Ce point a été déjà évoqué à plusieurs reprises. Quelles que soient les situations possibles, une formation savère nécessaire pour ne pas dire ou faire nimporte quoi :
o par rapport à une proposition de Sacrement;
o par rapport à la maladie, la souffrance, la prétendue " volonté de Dieu";
o par rapport à certaines revendications ou attentes du malades, de la personnes âgée ou isolée.
o par rapport à nos comportements avec le personnel sQignant, surtout le personnel des établissements hospitaliers, quand nous sommes amenés à conti-nuer laccompagnement des malades jusque-là visités à domicile.
Les moyens dune Formation (fiches, livres, conférences., sessions, etc.) ne manquent pas.